Nous reproduisons ici le texte de la présentation que Jean-Pierre Belleville (Secrétaire de l'association des amis de Marcel Aymé) nous à faite, à l'occasion de la réunion annuelle, le dimanche 24 mars, à l'Hotel Swann, des amis de l'association.
Alexandre VIALATTE (1901-1971) et Marcel AYMÉ (1902-1967)
Des chemins parallèles
Parmi les écrivains auxquels sont
dédiés des Hôtels Littéraires figurent deux contemporains, Alexandre Vialatte à
Clermont-Ferrand et Marcel Aymé à Montmartre. Nous nous sommes posé la question de savoir ce qu’il pouvait
y avoir de commun entre eux ou même s’ils s’étaient
rencontrés. En suivant la chronologie de leur biographie nous avons relevé les
faits suivants :
NAISSANCE : 1901-1902
Ils sont de la même
génération
Alexandre et Marcel
appartiennent à la même génération, Alexandre étant né le 22 avril 1901, soit onze mois avant Marcel, né le 29 mars 1902.
Tous
deux sont nés dans une ville de garnison :
Alexandre
à Magnac-Laval (Haute-Vienne), où son père, Michel Vialatte,
capitaine au 138e Régiment d’Infanterie, était en garnison après de fréquents
déménagements à Toulouse, Brive, et enfin à Ambert.
Marcel
est né à Joigny (Yonne), où son père, maréchal ferrant au 1er
Régiment de Dragons, était en garnison après avoir suivi son régiment en
Haute-Saône à Gray puis à Lure, et ensuite à Joigny et plus tard à Tours.
Ils
sont les benjamins d’une fratrie nombreuse.
Alexandre a une sœur, Madeleine, l’aînée de la famille, et un frère,
Pierre, de deux ans plus âgé
que lui.
Marcel
a deux sœurs, Camille et Suzanne, et trois frères, Arthur
(l’aîné de la famille, plus âgé que Marcel de 15 ans),
Georges et Raymond.
Un quatrième frère,
Maurice (jumeau de Camille)
est mort en bas âge.
UNE ANNÉE DE COLLÈGE Á DOLE
(1916-1917)
Les parcours d’Alexandre et de Marcel
semblent les rapprocher lorsque, durant l’année
scolaire 1916-1917, ils sont élèves dans deux collèges contigus dans la
rue du Collège de l’Arc à Dole (Jura).
Alexandre
et son frère Pierre sont pensionnaires à l’École Libre Notre
Dame de Mont Roland. Alexandre quitte Dole en 1917 pour Versailles où il poursuit
ses études. Son frère Pierre
restera à Dole jusqu’en avril 1918, date de son départ pour l’armée.
Marcel
est élève au Collège de l’Arc depuis 1910 (collège créé par les
Jésuites en 1582). En 1916, il est en classe
de seconde. Il est externe, vivant
chez sa tante Léa qui habite rue Dusillet
rebaptisée rue Marcel-Aymé en 1968.
Contrairement à ce qu’il a prétendu, il n’est pas un cancre mais un ‘‘élève d’une intelligence très vive’’ selon ses professeurs. En juillet 1919, il obtient
le baccalauréat C latin-sciences-mathématiques à l’âge de 17 ans.
UNE
PRÉDILECTION POUR LES MATHÉMATIQUES
Au cours de leurs études
Alexandre et Marcel montrent un net intérêt pour les mathématiques qui oriente
leurs choix de carrière. C’est ainsi que :
Alexandre
se destine à une carrière militaire et prépare l’École navale.
Le 21 novembre 1918, il est inscrit
à Sainte-Geneviève (Versailles) en classe scientifique préparatoire à Polytechnique. Marcel,
titulaire d’une bourse d’études, est inscrit au lycée Victor Hugo de Besançon à
la rentrée de 1919 en classe de mathématiques spéciales préparant au concours
de polytechnique. Suivant l’exemple
de son brillant cousin André Monamy, il souhaite devenir ingénieur.
L’ANNÈE DES RÊVES BRISÉS (1919)
Alexandre est victime d’un accident à l’œil qui
lui laissera une mauvaise vue et qui le contraint à renoncer à l’École
navale après la classe de mathématiques spéciales. Il s’installe à Clermont-
Ferrand et entreprend des études d’allemand. Puis il obtient un poste de
répétiteur à Thiers.
Marcel
contracte la grippe
espagnole qui le contraint à abandonner ses études de mathématiques
spéciales. Durant l’hiver 1918-1919, cette pandémie touchant principalement les
adultes jeunes, entraînera la mort de plus de 30 millions de personnes dans le
monde, dont plus de 400.000
en France. Marcel
en gardera toute sa vie des séquelles
neurologiques sévères :
plusieurs crises d’épilepsie les premiers années, puis une faiblesse musculaire
(myasthénie) responsable de chutes
et d’une ptose des paupières, un visage figé sans expression, des troubles de la
parole avec une voix rauque et laborieusement articulée, …
LE SERVICE MILITAIRE EN ALLEMAGNE
(1923-1925)
Alexandre effectue son année de service militaire
à Berlin en 1924-1925, conducteur à la 420e
Compagnie du Train Hippomobile. Mais dès 1922, il se trouve en Allemagne comme traducteur
civil auprès des autorités militaires. À Spire,
il est chargé de traductions administratives et de cours de français. Puis, à Mayence, la même année, il devient
rédacteur à La Revue rhénane grâce à
la recommandation de Jean Paulhan dont il a fait la connaissance par Henri
Pourrat. Il restera en Allemagne
jusqu’en 1928.
Marcel
part à Neustadt près de Landau
en Allemagne pour effectuer son service militaire en mai 1922, au 129e
Régiment d’Artillerie Lourde. Le 8 novembre 1923, il est renvoyé dans ses
foyers (chez sa tante Léa, Rue Dusillet à Dole) et mis en disponibilité le 10
novembre, ayant ainsi effectué les 18 mois du service de l’époque. Mais
auparavant, Marcel avait effectué un séjour linguistique en Allemagne dont il
ne tira pas un grand bénéfice.
PREMIÈRE RENCONTRE (1927)
La correspondance avec Henri
Pourrat mentionne qu’Alexandre Vialatte a rencontré Marcel Aymé et André
Malraux à Paris en 1927.
C’est la seule information
concernant une rencontre entre Alexandre et Marcel dont on ignore les
circonstances. A cette époque Alexandre et Marcel débutent dans la carrière
littéraire.
Alexandre
a publié ses quelques textes dans des revues et débuté la
traduction des œuvres de Kafka. Son roman important, Battling le ténébreux sera publié en 1928.
Marcel a publié en 1926 son premier
roman Brûlebois qui a reçu en 1927 le prix Pierre
Corrard (3.000 francs) décerné par la Société des gens de lettres.
LE PRIX
DE LA FONDATION BLUMENTHAL (Mai 1930)
En mai 1930 : ce prix est attribué à 13 lauréats dont trois
écrivains, Marcel Aymé (28 ans), Alexandre Vialatte (29 ans) et Jean Guirec (32
ans) qui reçoivent une bourse de 20.000 francs. (L’Homme Libre N°5086 (26 juin 1930), p.2.) Alexandre et Marcel se
sont probablement rencontrés à cette occasion.
Le prix Blumenthal est un prix
décerné de 1919 à 1954 à des peintres, sculpteurs, décorateurs, graveurs,
écrivains et musiciens par la fondation franco-américaine Florence Blumenthal,
une organisation philanthropique créée par Florence Meyer Blumenthal
(1875–1930).
Le quotidien Comoedia du 26 juin 1930 précise : M.
Marcel Aymé qui a reçu déjà le prix Théophraste Renaudot en 1929, a publié
plusieurs livres estimés ; M. Alexandre Vialatte est l’auteur d’un curieux roman moderne, Artaban (NDR
: en fait il s’agit
de Battling le Ténébreux publié chez Gallimard en
1928) …
ENSUITE C’EST LA GUERRE
(1939-1945)
Alexandre est mobilisé, blessé et
fait prisonnier, puis hospitalisé.
Marcel est réformé compte tenu de
son état de santé (myasthénie).
SAINT-YLIE ET SON MÉDECIN-CHEF
(1925 et 1941)
Alexandre
: est blessé et fait
prisonnier en Alsace pendant la débâcle en juin 1940. Soumis à des marches
forcées, il est déprimé et présente des hallucinations provoquées par l’excès
de fatigue, l’angoisse, et probablement le manque de sommeil, qui le conduisent
à l'hôpital psychiatrique de Saint-Ylie à côté de Dole (Jura)
où il entre le 7 juillet 1941. Après une tentative
de suicide, il subit des traitements de choc : la camisole de force, les cures
de Sakel (coma insulinique), il en sort en février 1942. Cette épreuve
lui inspirera son roman Le Fidèle
Berger. Le Médecin-chef de
cet hôpital est le Dr Maurice Desruelles. Psychiatre reconnu qui, dans les
années 30s, est expert auprès des tribunaux et participe régulièrement et
intervient dans des Congrès des
Médecins Aliénistes & Neurologistes.
Marcel
: connaissait bien le Dr Desruelles car au début de 1925, en
l’absence de neurologue à Dole, il est examiné par ce médecin aliéniste pour
des séquelles neurologiques sévères de la grippe espagnole contractée en 1919
et ceci, en présence du Dr Cantenot, médecin généraliste qui le suivait durant
ses séjours à Dole.
Deux ans plus tard, au début de 1927,
Marcel rencontre le Dr Desruelles par hasard à la bibliothèque de Dole.
Celui-ci le félicite pour son roman Brûlebois
en affirmant qu’il a été le premier à l’acheter. Ensuite le médecin
lui demande s’il avait songé à lui en créant
le personnage du médecin
aliéniste ‘‘qui méprisait les viscères sans noblesse ressortissant à la
médecine générale’’1.
Marcel lui répond que cette phrase était le fruit du hasard, mais le Dr Desruelles avait vu juste. Le médecin présente sa femme à Marcel et ensuite ils parlent longuement de freudisme. A ce propos, Marcel, écrit à son frère Georges « J’ai fait des étincelles puisque je suis à peu près aussi ignorant de Freud que de Guillaume le Conquérant. J’ai été invité à déjeuner pour un jour de beau temps. » (Lettre à son frère Georges le 20 janvier 1927 in : Lettres d’une vie pp.32-33
1 « En l’absence de celui-ci [le Dr Mouillet], sa femme crut devoir appeler
un médecin aliéniste
habitant proche la rue de Nèfles. Or, ce praticien
méprisait les affections des viscères sans noblesse, qui ressortissent à la
médecine générale, et ne rêvait que lésions au cerveau ou maladies à
développement sinusoïdal. Convenablement travaillé par Mme Reboudin, il déclara tout net que le malade
n’avait point d’asthme
et voulut voir la cause du mal dans un traumatisme des tissus cérébelleux. » Brûlebois, chapitre VIII. In : Œuvres Romanesques Complètes I, La Pléiade (1989), p.48.
UN FRÈRE
MILITAIRE ADMIRÉ (1946-1950)
Alexandre : au sortir du collège
de Dole, Pierre Vialatte, son frère de deux ans plus âgé que lui, intègre l’armée et choisit,
après sa formation, l’Infanterie de marine, courant
le monde sur les
routes de l’empire colonial. Vialatte suit de loin, mais toujours avec
admiration, la carrière de ce baroudeur, qui devient capitaine puis chef de
bataillon, couvert de citations et de médailles. Alexandre sera très affecté
par la mort de son frère Pierre survenu le 27
déc.1946.
Marcel
: est très proche de son frère Georges
Aymé, officier sorti de Saint-Cyr. Celui-ci, son aîné de 13 ans, est pour
Marcel un confident, son agent littéraire pendant ses séjours à Paris, puis son
correspondant lors de ses séjours outre-mer. Blessé à plusieurs reprises,
médaillé des deux guerres, commandeur de la Légion d’honneur, il deviendra général de corps d’armée et en 1945
commandant supérieur des troupes françaises en Indochine. Marcel admirait ce
frère qu’il appelait le généralissime. Il sera très affecté
par sa mort survenue le 25 jan. 1950 des suites
de ses multiples blessures et de sa captivité dans les camps japonais.
-
A l’âge de 11 ans, Marcel avait déjà été très affecté par la mort de
l’aîné de ses frères, Arthur Aymé, qu’il
admirait. Arthur Aymé, jeune lieutenant d’Infanterie
coloniale qui avait précédé Georges à St Cyr, avait trouvé la mort en 1913
à l’âge de 26 ans au cours d’une mission au Laos.
-
Arthur avait reçu le prénom
de son oncle, Arthur Monamy, qui lui aussi avait été un ancien
St Cyrien. Lieutenant d’Infanterie de Marine, il était mort de la fièvre jaune à l’âge
de 27 ans au cours d’une mission
en Cochinchine en 1886.
ILS
PUBLIENT DANS LES MÊMES REVUES (Années 1950)
Alexandre comme Marcel, publie
dans de nombreuses revues sur des sujets très variés. Parmi ces revues nous
avons relevé celles des ‘‘Hussards’’, groupe d’écrivains qui leur est proche.
‘‘Opéra’’ revue dont Roger Nimier
est le rédacteur en chef
Alexandre y
publiera 15 chroniques en 1951-1952 chroniques qui seront rééditées dans le
Cahier Alexandre Vialatte n°9.
Marcel y
donne 5 articles entre décembre 1947 et mars 1952.
‘‘Arts’’ (1952-1966) revue
concurrente des Temps Modernes de
Sartre et des Carnets de Mauriac dans le Figaro
- Successivement dirigée par Jacques Laurent et Roger Nimier (De 1958 à
1961)
Alexandre :
est cité parmi les collaborateurs de ce journal.
Marcel :
y publie 32 articles entre 1952 et 1965.
DES
CONNAISSANCES COMMUNES
Alexandre et Marcel ont
rencontré ou échangé des correspondances avec de personne qui ont pu les
rapprocher.
Roland Cailleux (1908-1980) était médecin à Châtel-Guyon et
écrivain dans sa propriété de Saint-Genès-la-Tourette (près d’Issoire) en
Auvergne. Selon la brochure de l’Hôtel
Littéraire
A. Vialatte p.81, Roland Cailleux
fut l’ami de Jean Paulhan,
d’Antoine Blondin, d’André
Gide, de Marcel Aymé et d’Alexandre
Vialatte.
Marie Aimée Méraville (1902-1963)
Originaire du Cantal.
Institutrice, romancière, ethnologue des contes auvergnats, critique
littéraire, et auteur de nouvelles. Elle entretint une correspondance avec
Henri Pourrat, Alexandre Vialatte, Marcel Aymé, Marcel Arland.
Alexandre
30 décembre 1948 : Alexandre Vialatte adresse ses félicitations à
Marie-Aimée Méraville qui vient de recevoir le prix Sully-Olivier de Serres
pour son livre La Vache.
24 septembre 1963 : Alexandre Vialatte écrit dans La Montagne « C’est en pensant à Méraville
que je réfléchis à toutes ces choses, en cherchant ce qui me plaisait en elle,
ce qui me plaisait tellement en elle,
son caractère et son talent. »
Marcel :
En 1941 : Aymé exprime sa « très grande admiration pour Le Coffre à sel qui est bien l'un des
plus beaux livres que j'aie lu ».
Le 23 mai 1945 : Marcel Aymé écrit à Marie-Aimée Méraville
pour la remercier de l’envoi
de son livre Monastier-le-double. Il lève ses craintes sur un prétendu
manque d’imagination et sur
la réelle qualité de roman de ce livre.
Le 17 octobre 1945 : Marcel Aymé écrit à Marie-Aimée Méraville
pour la réconforter à la suite
des attaques de la critique concernant Monastier-le-double.
En 1946 : dans sa préface au recueil Les Contes du vent frivolant, Marcel Aymé écrit « Les contes de
Marie-Aimée Méraville, les uns merveilleux, les autres tendres ou rieurs, ont
un délicieux parfum de campagne et aussi une simplicité d’expression si honnête
et si juste qu’on croit, à les lire, entendre la voix des paysans à la veillée
d’hiver. »
Bernard
Zimmer (1893-1964)
Ecrivain de théâtre, scénariste et dialoguiste. Initialement avocat, il abandonne
cette profession pour le
journalisme, le monde du théâtre et du cinéma.
Alexandre : Bernard Zimmer,
responsable de La Revue Rhénane dans
les années 1920, y côtoie Alexandre Vialatte.
Marcel : Dans une lettre
adressée à Jean Emile Benech
(romancier régionaliste du Cantal) le 18
oct. 1930, Marcel Aymé écrit être reconnaissant envers Bernard Zimmer pour lui
avoir fait découvrir le roman de Benech Les
Pieds nus dans l’herbe.
HOMMAGE D’ALEXANDRE Á MARCEL
(Octobre 1967)
Alexandre cite Marcel Aymé à plusieurs reprises dans ses Chroniques de La Montagne et lui rend
hommage le 22 octobre 1967 dans sa ‘‘Chronique Disparitions’’ (742) : « On ne se fait pas
d’avantage à la mort de Marcel Aymé, qui a été certainement l’un des plus
grands écrivains de notre époque. Il était
bon et désintéressé, indifférent à tous les honneurs, prêt à défendre toute victime de l’injustice et d’un incroyable mutisme. Je lui ai entendu
dire une fois :
« Je n’aime pas parler ».
Après quoi il s’est tu des mois. » (Chroniques
de La Montagne II - 1962-1971. Robert Laffont. Bouquins (2011), p. 604)
POUR
CLORE CETTE BRÈVE REVUE
Je citerai cet hommage rendu aux deux auteurs par la
traductrice, critique et romancière belge
Gabrielle Rolin (1923-2013)
Préfaçant le recueil de
nouvelles d’Alexandre, Badonce et les créatures paru aux
éditions Julliard (1982), Gabrielle
Rolin écrit : « Si Marcel (Aymé)
est plus sobre
et plus aigu, Alexandre
(Vialatte) plus tendre et plus candide, ils appartiennent tous deux à la même famille,
celle des humanistes aigres-doux qui posent sur le genre humain un regard sans
illusion. Ils ne lui accordent qu’une circonstance atténuante : il n’a pas
atteint, il n’atteindra jamais l’âge de raison ». [lu sur le site ‘‘Le Temps revient’’ (28 déc. 2011)]
CONCLUSION
Les personnalités d’Alexandre Vialatte
et de Marcel Aymé ont des points
communs, notamment leur grande
indépendance d’esprit et leur humour aux multiples facettes.
Derrière cette façade, ils présentaient l’un comme l’autre
de profondes blessures :
Alexandre :
–
le renoncement au rêve de
jeunesse : il
regrette de n’avoir pu suivre une vie ‘‘d’aventure’’ semblable à celle de son frère.
–
l’expérience de la guerre : il subit successivement l’humiliation de la défaite de 1940 (après avoir
servi en Allemagne dans l’armée des vainqueurs) - l’expérience douloureuse de la captivité (après s’être imprégné de culture
allemande, il en expérimente à présent la barbarie) - l’épreuve physique et morale de l’internement psychiatrique.
–
les contraintes financières
: elles
l’empêchent de réaliser pleinement une carrière littéraire, en le contraignant à des tâches de traducteur et de chroniqueur dévoreuses de temps au détriment de l’écriture et de la
publication d’œuvres de fiction pourtant très
prometteuses.
Marcel :
–
sa condition d’orphelin : elle a profondément marqué
son enfance : sa mère meurt alors qu’il
a 2 ans - sa grand-mère maternelle, qu’il appelle ‘‘maman’’ meurt alors qu’il a
8 ans - heureusement sa tante Léa, la plus jeune sœur de sa mère, sera sa
troisième mère particulièrement attentionnée.
Son père qui l’a confié aux
grands-parents aura peu de contact avec lui - son grand-père, véritable
patriarche, meurt alors que Marcel à 6 ans - ce sont ses frères Arthur (qui
disparait alors qu’il a 11 ans) puis Georges qui prendront le relais.
–
les lourdes séquelles
neurologiques de
la grippe espagnole contractée en 1919, marqueront toute son existence, le
contraignant à renoncer aux activités physiques et limitant sa participation à
la vie publique. Elles lui vaudront une (fausse) réputation de timidité et de
misanthropie de la part de commentateurs ignorants voire malveillants.
Ainsi, bien que les parcours
personnels et littéraires d’Alexandre et de Marcel présentent des coïncidences
et des similitudes, nous avons trouvé peu de choses témoignant de leur
rencontre ce qui nous fait dire qu’ils ont suivi des chemins parallèles. Mais ne dit-on pas que les parallèles se
rejoignent à l’infini … quoiqu’il s’agisse d’une illusion d’optique.