Chers amis,
Nous venons d’apprendre avec une
très grande tristesse, le décès de Bernard de FALLOIS dans sa 91ème
année. Depuis 1981 Bernard de Fallois était président du Comité d’Honneur de
notre association.
Dès 1951, il avait dans des articles pour Opéra, célébré Alexandre Vialatte qui publiait Les Fruits du Congo. Sous le titre Alexandre Vialatte conteur oriental, il écrivait le 5 décembre
1951 : ‘’Aux frontières du rêve et de la vie, Les Fruits du Congo d’Alexandre Vialatte, est l’un des livres les plus
attachants qui se puisse lire actuellement. S’il a créé, comme Alain Fournier
cette alliance miraculeuse de la féérie et de la réalité et si son Panado
semble avoir vécu quelque temps au château kafkaïen, son monde fantastique et
cocasse est bien à lui. (…) Vialatte n’écrit pas que les yeux fermés. Sa poésie
est aussi éclat de rire.’’ Après avoir évoqué Les enfants du Labyrinthe, la
Maison du joueur de flûte, Camille et
les Grands Hommes, La Dame du Job,
Bernard de Fallois conclut : ‘’Vialatte, qui confie le monde imaginaire à
sa mémoire, est notre conteur oriental.’’
En
1978, soit 7 ans après le décès d’Alexandre Vialatte, Bernard de Fallois, aux
commandes des éditions Julliard
éditera chaque année un recueil préparé par Ferny Besson et Pierre Vialatte. Ce
sera Dernières Nouvelles de l'homme,
puis Et c'est ainsi qu'Allah est grand, L'éléphant est irréfutable, etc. faisant connaître au grand public
le chroniqueur qu’adoraient les lecteurs de la
Montagne.
À
l'âge de vingt-six ans, Bernard de Fallois aura publié chez Gallimard Jean Santeuil en 1952, puis le Contre Sainte-Beuve en 1954, œuvres
inachevées de Marcel Proust, d'après les manuscrits de l'auteur.
En
1962, il entre au groupe Hachette, où il contribue au développement du Livre de
poche sous la direction de Guy Schoeller. Il devient le directeur général
d'Hachette en 1975.
C’est
en 1987 qu’il prend son indépendance et fonde sa propre maison d'édition à
l'âge de soixante et un ans : les Éditions
de Fallois. Il sera un grand patron de l'édition française réputé modeste,
cultivant le goût de la discrétion. Ami personnel d'Emmanuel Berl, de Georges
Simenon, de Marcel Pagnol, de Vladimir Volkoff, il publie leurs livres d'abord
au sein du groupe de la Cité, puis
aux Éditions de Fallois, et aussi
Hubert Monteilhet, Robert Merle, Fernand Braudel, Raymond Aron, Jacqueline de
Romilly, Hugo Claus, Charles Zorgbibe, Rose Tremain, Françoise Chandernagor et
toute l’œuvre de Pagnol.
Il
doit aussi sans doute à son amitié avec Vladimir Dimitrijevic, le fondateur de
la maison d'édition L'Age d'Homme en
1966 à Lausanne, d’éditer les ouvrages d'auteurs des pays de l'Est ou de
Suisse, tels Friedrich Dürrenmatt ou Joël Dicker, dont le roman La Vérité sur l'affaire Harry Quebert,
traduit en trente langues, obtient le grand prix du roman de l'Académie
française en 2012 et sera l’un de ses derniers grands succès.
C’est
un grand éditeur qui vient de disparaître et nous adressons à ses proches
l’expression de notre profonde tristesse.
Les amis d’Alexandre Vialatte
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